mardi 28 février 2012

Ouaga-ouaga hey hey!

            Après 9h00 de train j’arrivais donc à 5h30 du matin à Ouagadougou. A mon arrivée Marie et Mady venaient m’accueillir, nous nous sommes alors rendus dans le local de la troupe Wécré Théâtre.

Wécré théâtre

            Wécré théâtre qui signifie en moré « lumière » est une compagnie fondée en 2001 par un groupe de jeunes burkinabé. L’objectif de Wécré : participer au développement du Burkina via le théâtre.
            Tous les étés ils organisent des camps chantiers avec des volontaires venus de France. Ils préparent alors des saynètes de théâtre forum puis partent les jouer dans les villages du Burkina. Ces création permettent de sensibiliser la population sur des problèmes très concrets : l’hygiène, les femmes battues, l’excision, le paludisme, etc… C’est à l’occasion de ces camps chantier que Marie à fait leur connaissance.
            Cette joyeuse équipe développe des projets toute l’année. Ainsi Faux Roger (il y à deux Roger un faux et un vrai) anime toute l’année deux fois par semaine un soutient scolaire destiné aux enfants du quartier.
            C’est donc avec ces gens au grand cœur que je partage mon quotidien.

Le Festival Rendez vous chez nous

            Le jour de mon arrivée, à peine mon sac posé nous nous sommes rendu à la parade d’un festival au quel la bande de Wécré prêtait main forte. Le festival « rendez-vous chez nous » est un festival des arts de rue qui se déroule tous les ans à Ouaga. Il fait venir des artistes de nombreux pays africains et même plusieurs européens.
            La parade était pour le moins haute en couleurs ! Une ambiance vraiment géniale, les passants étaient tous surpris de voir ce convoi où se succéder des marionnettes géantes, des danseurs sur échasses, des cavaliers, des danseurs traditionnels, des jongleurs, des acrobates… Il faut dire que l’événement à fait venir un grand nombre de Nassara (blancs en moré). C’était la première fois depuis que j’avais posé le pied à Tanger que je voyais autant de blancs !
            La parade a eut lieu le samedi, les spectacles débutaient le mercredi. J’ai donc eut la chance d’assister à de nombreux spectacles de grande qualité.



            Un matin nous avons été réquisitionnés pour accompagner les artistes dans des villages éloignés de Ouaga pour qu’ils y donnent leur spectacles. Un des but du festival est de décentralisé les spectacles pour qu’ils soient délivrés même dans des villages. Notre mission consisté à canaliser les spectateurs et être disponible pour les artistes. Ainsi avec Faux Roger nous accompagnions une troupe de comédiens nigériens dans un Lycée. Le spectacle était un conte théâtralisé. Le moment était vraiment génial. Malheureusement je n’ai pas pu assisté à l’ensemble du festival car je devais partir pour des fiançailles.






Le grand marché, Booba et Zanissa, la présentation des familles

            Au court de la première semaine je décidais de visiter la ville de Ouagadougou. Le local étant un peu éloigné du centre ville et ne disposant que de mes pieds pour me déplacer je devais me faire conduire en moto. Ma première visite de la ville s’est déroulée au marché central. En Afrique le marché est vraiment un des endroits les plus propices pour découvrir la façon de vivre des gens. Après moult déambulations et causeries avec un nombre incalculable de commerçant j’allais sortir du marché.

             Alors Booba un jeune vendeur a voulu encore tenter sa chance avec le client potentiel que j’étais. Comme toujours je préviens les commerçants que je veux bien voir leurs marchandises mais que je n’achèterais rien. Finalement je me suis installé dans le stand de Zalissa pour la famille de qui il travail. De fil en aiguilles je suis resté mangé avec eux, comme à Colibantan les vendeurs du marché partage leur repas en mangeant à la main dans un grand plat.
            Nous avons vraiment bien sympathisé du coup Booba m’invita chez lui pour l’après-midi, j’ai donc eut la chance de visiter un nouveau quartier de Ouaga. Il m’apprit qu’il comptait bientôt partir demander la main de son amoureuse à son père.

Le samedi soir suivant il me récupéra au festival « Rendez-vous chez nous », le dimanche matin nous partions en voiture vers Koupéla à 140 km à l’est de Ouaga. Là bas j’ai pu voir toute les étapes et les codes qui précèdent la demande en mariage dans une famille africaine.



            D’abord la demande ne se fait pas au père mais aux « oncles » (les membres de la famille hommes du coté paternel) de la fille. La femme est complètement absente de ces négociations, comme la mère, elles n’ont (officiellement) par leur mot à dire. Il en va de même pour le père à qui la décision n’appartient pas, il se pliera à la décision de ses frères et oncles. Qu’il veuille ou non que sa fille épouse l’homme il ne pourra dire son mot
            Le prétendant ne peut pas rendre seul visite aux oncles de la femme et demander sa main. Ainsi nous formions une délégation de six personnes : Booba, son oncle (personne indispensable dans  cette situation), et quatre amis. Nous les amis jouons le rôle de garant, nous engageons notre honneur en accompagnant Booba. Notre présence signifie que nous lui faisons confiance. Par chance un des amis était originaire de Koupéla, il connaissait donc la famille de la fille.
            Avant de faire la demande officiel il faut acheter des noix de cola (fruit au gout très mauvais mais indispensable marque de respect).



Le groupe du prétendant a un intermédiaire, le groupe des oncles a un intermédiaire. Chacun s’adresse à son intermédiaire qui s’adresse à l’autre intermédiaire qui transmet alors le message à son groupe. Cette scène étonnante se déroule alors que tout le monde est au même endroit. Ainsi tous entendent ce que chacun dit à son intermédiaire, mais il faut attendre ce jeu d’intermédiaire pour communiquer. De plus ce n’est pas le prétendant qui s’adresse à l’intermédiaire mais son oncle.





            Cette expérience a vraiment était extrêmement intéressante, une immersion dans les rites et traditions !

La vie au local de Wécré

            La troupe de Wécré a changé récemment de local. J’ai donc tout au long de mon séjour aménagé, rangé, trié dans ce local. Nous avons notamment organisé une grande journée de rangement. Nous avons notamment construit une étagère pour le rangement des nombreux ouvrages de la compagnie.
            Un autre grand chantier a été le déplacement d’un arbre, en effet il cachait la scène. Il fallu donc s’armer de courage mais aussi de pelles et de pioches pour déraciner l’animal !








            La vie au local est rythmé par les cours de soutient scolaire. Chaque Jeudi et Dimanche matin (les seuls jours où les écoliers n’ont pas école). Faux Roger accueil donc pendant deux heures les élèves du primaire pour réviser français et mathématiques. Dans une joyeuse ambiance nous jouons à la maitresse. Les enfants étant plus grands que ceux de ma case des tout petits le travail est grandement facilité.

            Dès que les enfants ont des temps libre ils viennent nous rendre visite. Une après-midi donc j’ai improvisé avec un trentaine d’enfant un atelier de théâtre qui nous a occupé toute l’après-midi. Un moment vraiment extraordinaire. Les jeux burkinabés venaient rencontrer les jeux français et les exercices de théâtre dans une folle ambiance, tant et si bien que le groupe grossissait au fur et à mesure. Même les mamans des enfants ont fini par venir assister à la séance. Trois heures qui sont passées sans qu’on le sente dans  la plus grande spontanéité.

            Ainsi va la vie au local de Wécré théâtre

Baark Koombissé et mon vélo

            Wécré théâtre travail en partenariat avec d’autre associations sur Ouaga. Baark Koombissé est très proche dans son travail de Wécré. Dans un autre quartier de la ville les membres de cette association ont crée un centre culturel visant à la fois à aider les artistes à travailler et se professionnaliser mais aussi à organiser des spectacles. Ce centre abrite aussi une bibliothèque de quartier et organise régulièrement des cours d’alphabétisation.

            Les membres de l’association cherchaient à former un dossier de subvention. Cela me donnait l’occasion de me rendre utile. J’ai donc pendant près d’une semaine formé un dossier de subvention pour le compte de Baark Koombissé.

            Zabda un des membres de cette association m’a prêté son ancien vélo. Enfin j’avais un moyen de locomotion qui me permettait de me désenclaver ! Avec cette indépendance acquise (non sans un bon séjour chez le mécano) j’ai pu multiplier les ballades à vélo dans Ouaga. C’est un peu chaud de pédaler sous le soleil d’Afrique mais vraiment chouette. Je pense même me rendre à Fada en vélo. En ce moment je freine encore avec mes chaussures mais j’ai bon espoir de changer mes freins !

« Le Boabab sâcré »

            Un projet anime tout spécialement Wécré en ce moment.  C’est un projet pour lequel je passe presque tout mon temps. Avec les membres de Wécré nous avons décidé de monter une pièce de théâtre. 9 comédiens et comédiennes, un metteur en scène, pas de texte, pas d’histoire, 10 jours (Début dimanche 19, spectacle jeudi 1er). Impossible me direz vous. FAUX ! Rien n’est impossible pour Wécré. Ainsi tous les soirs pendant une semaine nous avons fait des impros et toute la journée suivante nous essayons d’en faire sortir une histoire. L’histoire est arrêtée le lundi 27. Il reste deux répétitions avant la représentation.








            Une folle aventure théâtrale dans laquelle nous dénonçons le système de la France-afrique et la corruption. Autant dire que ce projet nous prend beaucoup de temps ! C’est une pièce que nous jouons à la fois en français et en moré. L’histoire se déroule dans un petit village où un entrepreneur veut bâtir un hôtel, progressivement le projet qui semblait être une aubaine pour le village devient une vraie plaie. Le chef du village, corrompu, laisse faire.

            Tout les soirs les répétitions commencent vers 19h 20h et se terminent vers 23h par un bon repas. L’ambiance est extraordinaire, une vraie vie de troupe en concentré !

La vie à Ouaga

            Mon étape dans la capitale du Burkina Faso était surtout motivée par l’envie de découvrir le mode de vie des habitants des villes africaines. En effet il y à presque autant de différence entre l’Europe et l’Afrique et un village africain et une ville africaine. La ville africaine est vraiment « les fesses entre deux chaises » (des enfants lisent ce blog). Tiraillée entre la tradition, l’héritage coutumier et le mode de vie occidental. Ainsi les villes africaines ont explosées ces trente dernières années au gré de l’exode rural.

            Si dans les villages il est presque impossible de mourir de faim, à moins qu’une famine touche l’ensemble des habitants, en ville le problème se pose. En effet « on est plus riche avec 500F par jour dans un village qu’avec 2000F en ville » me dit Faux Roger. Dans les villages une fois les récoltes passées la nourriture est stockée dans le grenier, on aura à manger. En ville chaque jour il faut se payer à manger, et il faut chercher l’argent permettant de payer ces repas. Le salariat est vraiment un phénomène marginal. La plus part des habitants des villes vivent au jour le jour de petits boulots ou commerces.
            Souvent les habitants des villes ont quitté leur famille restée au village et sont donc plus ou moins seul. Ainsi tous les hommes célibataires doivent payer pour chacun de leur repas (cela revient à moins cher que d’acheter les ingrédients et de préparer).

            En ville si la majorité des gens vivent comme je viens de le décrire, c’est aussi le lieu de vie des plus riches. En effet la ville avec ses services attirent ceux qui ont de gros moyens. Ce qui est étonnant c’est qu’il n’y a pas de distinction dans l’espace. Il n’y a pas de quartier riches et de quartier pauvres. On peut trouver n’importe où dans la ville de belles villas mitoyennes avec de petits gourbis en terres et en taules.
            Un autre aspect incontournable de la ville est sa vie nocturne. Ainsi quel que soit le jour de la semaine les « maquis » (bars dancing) voient leurs pistes de danse enflammées aux quatre coins de la ville. En trois semaines j’ai eut la chance d’en visiter quelque uns. Les garçons et les filles sont alors sur leur 41, ces endroits sont des temples de la drague !


            Cette expérience de la ville africaine est vraiment très riche, le Burkina Faso un pays très accueillant. Jeudi soir a lieu notre représentation, ensuite je ne vais trop tarder avant de partir vers Fada N’gourma pour y retrouver Téophane. Mais ceci sera l’objet de la suite de l’aventure !!

lundi 6 février 2012

Bobo-Diolasso, on y boit du dolo!

Arrivé à Bobo j’ai été reçu par Abass le neveu d’Amy Watt que j’avais rencontré dans le car m’amenant vers le Burkina. A peine mon sac posé, Abass m’a conduit au cabaret. Le cabaret c’est un peu comme un bar, sauf que dans ce lieu on ne sert que du Dolo, la bière de mil. Abass était pour le moins un grand amateur de bière de Mil! Le dolo ne ressemble pas vraiment à la bière que nous buvons en France. Le dolo tient une place très importante dans bon nombre d’ethnies africaines tout spécialement chez les animistes, ceux qui croient aux divinités des éléments. L’ensemble des africains étaient animistes avant qu’une partie d’entre eux soient convertis à l’Islam puis au Christianisme. On retrouve ainsi un brassage entre animisme et monothéisme.

    Dès le lendemain matin, à la tombée du lit Abass m’a entrainé dans une tournée des cabarets de bobo. A 300 FCFA le litre (0,46€), cette boisson est très bon marché et les tournées s’enchainent. Autant vous dire qu’après avoir passé près de trois mois sans boire d’alcool, je ne suivais pas vraiment le rythme…  Dans ces cabarets les discussions vont bon train, et la musique est toujours présente. J’ai découvert là bas une nouvelle facette de la vie africaine. Une expérience vraiment sympathique.
    Entre chaque cabaret Abass me faisait découvrir sa ville. Nous l’avons ainsi parcouru dans tout les sens et j’ai pu ainsi faire le tour des endroits incontournables de la ville.
    En quatre jours à Bobo j’avais fréquenté presque la totalité des cabarets de la ville et vidé une quantité impressionnante de calebasses. Bien que l’expérience fut agréable elle aurait pu facilement me lassé si je n’avais pas du avancé mon départ vers Ouaga. En effet je voulais vraiment tenté le voyage en train ce qui m’a forcé à quitté Bobo vendredi soir.

    Le train devant partir à 15h00 le vendredi, est finalement arrivé vers 19h00 en gare. Le temps que les voyageurs en provenance d’Abidjan descendent et que nous nous installions le train a quitté la gare à 20h30. Dans les wagons une ambiance géniale régnait. Tous le monde s’interpelle, rigole, débat, rigole encore. Le train n’avance pas très très vite. J’ai passé une bonne partie du voyage la tête dehors pour apprécier la nuit burkinabaise dans la brousse. Le seul problème est que les sièges en plastiques ne sont absolument pas confortables et qu’il m’a été impossible de m’endormir. Du coup arrivé à Ouaga à 5h45 j’étais un peu fatigué… Le train venait de faire 300 km en 9h…

    Je vis à Ouaga dans les locaux de l’association Wécré théâtre, ceci sera l’objet du prochain numéro de cette aventure !

Des bécaux.

Ségou et ses couleurs

Après une semaine à Bamako des plus sympathique mon aventure devait se poursuivre dans la ville de Ségou à quelques 300 km au nord est de la capitale. Cette petite ville paisible s’étend le long du Niger. Là bas j’étais logé chez Julie, son mari Baba et leurs deux enfants Jean-Hamman et Ada. A la maison vivent aussi Michou, la nounou des enfants, Mandiou le gardien et Hassan la cuisinière.

Par hasard Julie changeait de maison durant la semaine où je me trouvais à Ségou. Du coup mon séjour a été entre autre rythmé par le déménagement!

Ségou est une ville très jolie et les ballades au bord du Niger on été très agréables. Pour ces sorties je me suis notamment mis à la moto et suis devenu un vrai  « bicker » !

Les nuits à Ségou dans les petits bars où des artistes font des concerts live ce sont révélées vraiment très chouettes. La nuit la plus mémorable reste celle qui a précédé mon départ. Julie et Baba étaient partis pour Bamako, nous sommes donc restés avec Mandiou et Michou seuls à la maison. Mandiou nous a alors amené dans un lieu qu’il avait l’habitude de fréquenter. Un bar qui ne proposait pas que des boissons, mais aussi un peu de chaleur humaine… J’ai donc passé une soirée un peu bizarre mais très rigolote. Tous les trois nous observions le balai des hommes en quête de compagnie !

 Le lendemain c’était on the road again. Un trajet en bus sortant un peu de l’ordinaire car je n’ai pas voyagé sur un siège mais sur un bidon ! Le bus était plein à craqué j’ai donc parcourru quelques 400 km assis sur un bidon dans l’allée du car. Un voyage haut en couleur où j’ai la rencontre d’Amy Watt femme d’un député Malien et assesseur à la cour d’assise de Bamako. Ne sachant pas où dormir à Bobo, Amy a appelé sa belle sœur me trouvant ainsi un foyer pour mon escale !