Bonjour à tous et à toutes! J'espère que tout va aussi bien pour vous que pour moi!
Que de temps sans donner de nouvelles... Ici c'est surtout ''que de temps sans voir l'ombre d'une souris d'ordinateur'' (je ne parle même pas d'internet)...
Vivre au cœur d'un village de brousse africaine est une bonne manière de découvrir la culture africaine, c'est un moins bon plan pour surfer sur internet!
Je pense avoir trouvé ici exactement ce que je cherchais dans mon voyage. Le moins que l'on puisse dire c'est que je vis ''à l'africaine''. Je mange, dors, travaille au même rythme que tout le monde. Jamais une grasse mat' dépassant 7h30, si je voulais une aventure reposante c'est râpé! Les villageois ici sont vraiment courageux.
Le travail au champ
La période des récoltes qui dure de septembre à début décembre est synonyme d'un travail quotidien: toutes les matinées 7j/7, la notion de week-end où de jour férié est bien lointaine. J'ai participé à plusieurs étapes de la récolte de l'arachide mais aussi à celle du mil.
Pour celle-ci nous partons à 5h00 du matin en charrette d'âne, et à cette heure ci il fait super froid! La première étape consiste à mettre à terre ales tiges de mil qui ressemble à celles du maïs. Ensuite il faut récolter le fruit qui est une grappe de petits grains. Pour le récolter on utilise un couteau avec une technique spéciale, que je n'ai jamais réussi à maîtriser...
À la fin du travail à 16h j'avais les mains pleines d'ampoules et de coupures, celles et ceux qui connaissent mon adresse légendaire comprendront!
La case des « tout petits »
Ce travail au champ je ne le réalise que le week-end. Durant la semaine je donne un coup de main à la ''case des tout petits'' équivalent de notre maternelle. Concrètement deux animateurs bénévoles accueillent 80 gamins de 8h00 à 13h00 du lundi au vendredi. Au programme de ces matinées: initiation au français, leçons de morales, garderie, chansonnettes, un peu de sport.
Au début je me suis senti pour le moins inutile. Non seulement il était très difficile de communiquer avec des enfants ne parlant pas français, mais surtout la place de l'enfant dans la culture africaine est très différente de celle que nous lui donnons. Ici ''un enfant qui n'a pas peur des adultes ne donnera rien de bon.'' Du coup un enfant qui pleure car il a peur d'aller à école ne reçoit pas un câlin mais un coup sur la tête. Même si c'est très différent de chez nous, ces méthodes sont adaptées à l'éducation et la discipline d'ici. Ainsi un enfant est toute sa vie soumis à l'autorité de ses parents.
Après une semaine d'observation et quelques nouveaux mots en mandingue je suis parvenu à me mettre dedans. J'ai pu échanger avec Seïdi, animateur de la case, pour faire évoluer des petites choses. Je m'éclate vraiment avec les enfants bien que je ne résisté pas à un petit câlin pour calmer les gros chagrins... Les enfants maitrisent au top ''y'a un rat sous mon toit'' et ''dans une citrouille'', et ce n’est pas fini!
Le chemin pour aller à la case traverse tout le village, progressivement les enfants s'accrochent à mes mains, chemises, pantalons, si bien qu'en arrivant le convoi est tel qu'il m'est difficile d'avancer! L'avantage des traversées quotidiennes du village c'est que je me fais plein de nouveaux amis.
Le toubabo commence de plus en plus à se faire un prénom! Avec le temps je grossis mon stock de mots mandingues et des aubes de conversations commencent à apparaitre! Souvent après le repas du soir je suis invité à ''causer'' autour d'un verre de thé.
Vous ne me croirez jamais mais il fait froid, j'ai même chopé un rhume. Je vous jure que c'est vrai! Le froid africain provient du sol, il est donc méchamment pénétrant. Heureusement dès 9h et jusqu'à 21h00 on est de nouveau au chaud!
Le questionnaire sur le CBE
J'ai aussi pendant mon séjour réalisé une mission pour l'association nantaise Colibantan, partenaire contribuant au développement du village. Un cuiseur à bois économe (dit CBE) est en phase d'essai dans le village, il a pour but de remplacer l'ancien mode de cuisson trop consommateur de bois. En effet la rareté du bois rend la corvée de sa recherche extrêmement difficile. Avec l'aide Kélo comme interprète j'ai interrogé chacune des familles utilisatrices à partir d'un questionnaire réalisé par les nantais.
L'opération s'est révélée un peu fastidieuse mais aussi moult funky. Les africains n'ont pas vraiment la culture de l'évaluation il a donc fallu un peu ramer au début pour obtenir des réponses exploitables.
Au final l'expérience a été très intéressante et les résultats sans appel. Le CBE est largement plébiscité. Ainsi 8 fours étaient testés par 9 familles (une des familles prêtaient son CBE à ses voisins). 175 personnes donc concernées (dont seulement de plus de 50 ans). La consommation de bois moyenne est passée de 183 bûches par semaines à 61, la fréquence de la corvée de bois a été en moyenne divisée par 4,7! Les femmes louent notamment la réduction de la fumée dans la case cuisine qui ne possède pour ouvertures que de petites fenêtres. Ainsi la cuisinière n'a pas les yeux rouge ses vêtement restent propres elle subit moins la chaleur. Avec le CBE la cuisson est plus rapide et la nourriture ne colle plus au fond des gamelles. Certaines familles apprécient même l'admiration que suscite la possession du cuiseur auprès des autres villageois.
Le jardin
Ma deuxième activité est le jardinage. Là non plus pas de notion de week-end ou de jour férié, en même temps, au regard du soleil qui cogne toute la journée, les petites plantes méritent bien leur arrosage. 3h matin et soir c'est la dose normale du travail maraicher. Les tournées d'arrosoirs se suivent et se ressemblent et du coup c'est assez sportif!
Le jardin connait depuis 15 jours le jardin connait une activité toute particulière, les femmes ont investis les lieux: attention les secousses !! Nous avions préparé 156 planches sur lesquelles les femmes plantent des pieds d'oignons moyennant le paiement d'une location par planche. Tous les soirs c'est le grand ballai des seaux, arrosoirs, binettes. Scènes de prise de becs, d'entraide, de franche rigolade sont au menu! A l'occasion de ce repiquage d'oignon j'ai crée le ''repiqueur 3000'', perceur de planche redoutable qui contribua héroïquement à la percée des quelques 1200 trous nécessaires au repiquage.
Ma tâche principal au jardin est ce qu'appelle Khalipha le ''suivi technique'', concrètement j'enlève les mauvaises herbes! Un travail qui me fait développer mon coté bouddhiste: patience, rigueur, patience et patience (de retour en France ne comptez pas sur moi pour désherber quoi que ce soit avant un an où deux!).
Grâce au ciel je ne suis pas seul lors de l'exécution de ce labeur, Kélo a trouvé de quoi chargé mon mp3 et tous les feux chanteurs français me soutiennent. L'art du jardinage apporte quelques avantages en nature: pastèques, bananes et citrons dégustés après le boulot.
Le régime africain
Mis à part ces quelques fruits, l'alimentation est toujours la même: mil ou riz, riz ou mil. Mes difficultés avec le mono du petit déjeuner ce sont un peu arrangées... En plus d'un mois je n'ai mangé que trois fois de la viande (Clélie je vais bientôt rejoindre ta secte! ;p )
Je n'ai pas non plus bu une goutte d'alcool depuis mon arrivée, ma plus longue abstinence depuis le collège. Çà va, je tiens pas trop mal le coup! (Je n'ai pas encore bu mon eau de toilette ; ) )
Je craque une fois par semaine et chaque dimanche c'est « sortie à la boutique » avec Kélo pour un coca et des petits gâteaux!
Le nouvel an musulman
La dernière fois que nous avons mangé de la viande c'était lundi 5 décembre pour le nouvel an musulman, une soirée extraordinaire! Tous les hommes se réunissent à la mosquée pour la prière de la tombée de la nuit et emmènent le repas avec eux. Une fois la prière terminée c'est la ''chasse'', les plats sont découverts et on se jette sur la nourriture, premier arrivé premier servi! Je ne me suis jeté dans la bataille, du coup je n'ai pas eu de viande.
Heureusement une deuxième chance de goutter le précieux met était donné à la maison!
Une fois le repas terminé un étrange convoi se constitue. Les enfants et adolescents se travestissent et se peignent le visage en blanc. On tape sur des boîtes de conserves et des bidons, on chante à tue-tête et on danse de foyers en foyers. Nous allons donc de maisons en maisons et réclamons une poignée de cacahuète où une pièce de monnaie. Nous ainsi écumé tout le village pendant près de deux heures. Un moment inoubliable!
Ensuite les vieilles femmes du village se réunissent autour d'un grand feu qu'elles veillent en chantant des mélodies traditionnelles. Je suis resté une heure réchauffé par les braises à les écouter avant de rejoindre les jeunes tantôt jouant à jeux de société, tantôt devant la télé!
Le lendemain matin à mon réveil l'ensemble du quartier sur son 31 se retrouvait chez nous pour une prière collective. Ensuite tout le monde se sert la main et se pardonne. J'ai ainsi passé ma matinée à déambuler dans le village et pardonner tous les villageois qui me pardonnaient en retour!
Le chantier du centre de formation
L'AVED association villageoise pour l'éducation et le développement dont Khalipha est président construit un centre de formation. Le but principal sera de former aux techniques de maraichage mais le centre servira aussi à assurer soutient scolaire et cours d'alphabétisation. Le centre possèdera même un magasin pour la sécurité alimentaire, stock de nourriture en prévention des famines.
Etonnement pour moi le chantier avance extrêmement vite, les premières pierres ont été posées en octobre et la maçonnerie est quasiment déjà finie. Ici tout se fait à la main, du creusement des fondations à la pelle et à la pioche en passant par la fabrication des briques, la préparation des ferrailles armant la charpente, la réalisation du ciment! J'ai fabriqué quelques briques et je donne de temps en temps des petits coups de main au chantier.
Tout ce que je vie ici est extraordinaire, j'utilise le cheval comme moyen de locomotion comme le fond les jeunes ici. On monte à cru du coup il est probable que plusieurs de mes futurs enfants aient disparus si vous voyez ce que je veux dire.
Prenons un peu de recul
Je ne suis pas non plus coupé du monde car j'ai reçu plusieurs coups de téléphone de la famille et des copains qui à chaque fois font un bien fou! De plus tous les jours j'écoute les infos sur RFI, je suis donc renseigné au top sur la crise l'euro ; p.
Un des villageois reçoit même canal +, je ne rate donc aucune soirée de ligue des champions (une soixantaine de personne sur la rue devant une télé, l'image vaut le détour!) J'ai même une fois vu les guignols !
Comme vous pouvez le constatez j'ai trouvé ici ce que je cherchais dans mon voyage. Partager sincèrement le quotidien d'un village de brousse africain partagé avec ses habitants.
Cette expérience au village est une formidable leçon de vie et d'humilité mais charrie aussi sont lot de paradoxes. Ainsi entre l'héritage coutumier traditionnel omniprésent, la foi musulmane très importante et l'arrivée des nouvelles technologies ainsi que l'attraction du mode de vie occidental pas facile de trouver sa place surtout pour les jeunes qui ont les fesses entre trois chaises!
Je suis donc un humble témoin de tout çà qui tente de se rendre utile autant que faire se peut, en me donnant à fond dans mes travaux mais aussi en donnant des coups de mains dans la rédaction de courrier.etc...
Ayant trouvé ce que je cherchais pourquoi ne pas prendre mon temps? J'ai donc décidé d'un commun accord avec Khalipha de rester jusqu'à la nouvelle année.
Je prends aussi conscience qu'il me faudra du temps pour digéré tout ce que j'ai vécu et ce que je vais vivre encore. Si je veux atterrir, bosser un peu pour payer ce voyage mais aussi préparer la rentrée en master c’est illusoire de vouloir revenir en juillet. Je pense donc rentrer un mois ou deux plutôt.
Des gros bécaux, merci à tous pour vos messages qui font du bien au moral !!!
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